DES « CHEVALLES BLANCHES » EN VEUX-TU EN VOILÀ…


  Enseigne-t-on encore qu’un bel amour, un fin délice et un grand orgue au singulier deviennent au pluriel de belles amours, de fines délices et de grandes orgues, ces trois mots passant du masculin au féminin en même temps qu’au pluriel ?

  Peut-être, peut-être pas… Ce qui est certain c’est que cette antique règle ne permet pas de soutenir qu’un cheval blanc devienne des chevalles blanches, un hibou gris des hibouses grises ni un cormoran criard de criardes cormorânes.

  Bref, il n’est pas permis de tirer d’un usage unique, rare ou inexplicable une loi générale. C’est une vérité dans toutes les langues. Alphonse Allais le savait parfaitement qui en tirait mille effets comiques.

  Ces usages exceptionnels se retrouvent en latin. On ne manque pas de les monter en épingle, l’humour en moins, pour justifier l’impossible transformation de « chez les Séquanes » en « vers les Séquanes ».

  On trouve donc des variations fort savantes sur des tournures dont on relève les possibles ambiguïtés. Ces tournures sont réelles. Elles ne font pas une loi, au contraire des innombrables exemples du fonctionnement de nos trois clefs que grammaires et dictionnaires reprennent sans ambiguïté cette fois.

  Et lorsqu’une grammaire cite exceptionnellement un de ces cas rares, c’est toujours à côté de la règle générale, comme un complément et non une réfutation.

  Quand ceux qui galopent sur leurs magiques chevalles blanches, en criant comme des cormorânes, affirment qu’il existerait peut-être un cas où « vers » s’imposerait (?),  souvenez vous qu’il en existe mille avérés où il ne s’impose pas.. Et que si chez César il est une construction classique entre toutes c’est bien celle des compléments de lieu.

  La grammaire d’aucune langue ne repose sur des pointes d’épingle et le latin moins que toute autre.

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