Ancien élève de l’école des Chartes -
Correspondant de l’Institut de France
Directeur de la circonscription archéologique de Constantine
Conservateur en chef des Archives Nationales (Paris)
Officier de la Légion d’Honneur -
Commandeur de l’ordre National du Mérite
Commandeur de l’ordre des Arts et Lettres
Notes biographiques -
Tiddis ce n’est rien d’abord ou presque rien, quelques débris près de Constantine à peine notés au XIXème siècle. André Berthier en commence les fouilles en 1941.
Elles dureront trente ans malgré guerres et changements politiques majeurs. Elles feront tout connaître de cette ville, des temps néolithiques au Moyen-
On n’oubliera pas non plus que ce vaste chantier fut aussi un des paravents derrière lesquels se rassemblèrent et se formèrent les unités qui rejoignirent l’heure venue l’armée qui débarqua en Italie et où, volontaire, André Berthier combattit dans la troupe et fut gravement blessé à Monte Cassino.
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Révélation d’un site archéologique
Les tentatives de localisation de l'Alésia antique dans le Jura n'avaient jamais abouti avant les découvertes d'André Berthier sur le territoire des communes de Chaux, Crans et Syam en 1963. Ces découvertes remettent en cause la tradition qui mettait Alésia en Bourgogne, à Alise-
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L’article sur Cirta publié par un compagnon d’André Berthier dans « l’Antiquité classique », 1950, volume 19, numéro 19-
Alésia en Bourgogne, à Alise-
On n’écrit pas sur la vie d’André Berthier comme on écrirait pour un autre historien ou un autre archéologue contemporain. Les dates, les diplômes, les responsabilités croissantes, les multiples distinctions, les grands événements personnels, tout ce qu’un biographe scrupuleux détaillerait sans rien omettre ont leur importance certes, mais André Berthier n’est pas dans ces enchaînements ordinaires.
André Berthier tient tout entier en trois mots dont chacun à lui seul ferait d’un savant le symbole de l’exigence intellectuelle, de la rigueur méthodique et de l’honnêteté professionnelle : Tiddis, un site révélé ; Jugurtha, la correction d’une erreur historique ; Alésia, la probable résolution de la première et sans doute de la plus grande énigme de notre propre Histoire.
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Peu après, la guerre d’Algérie paralyse un temps ses activités archéologiques (il les reprendra cependant bientôt et les poursuivra jusqu’en 1971). Cet arrêt lui donne le temps de reprendre la question à la base selon la méthode déjà utilisée dans ses recherches précédentes : recueil et critique de tous les textes, examen des cartes, contrôle ensuite sur le terrain et recherche d’une synthèse quasi irréfutable. Il avait eu des prédécesseurs dans cette voie au XIXème siècle, Quicherat ou Desjardins mais ce qu’il leur manqua fut d’avoir découvert un site convaincant.
Le travail se révèle autrement ardu que pour les recherches sur Jugurtha : multiplicité des auteurs anciens dont certains négligés jusque-
Au fil du temps il précise et redéfinit sa méthode, hiérarchise les certitudes, déduit de leurs rapprochements des éléments que personne n’avait encore pris en compte et aboutit finalement à une idée assez précise qui lui permet d’une part de lister les caractéristiques de l’Alésia antique et d’autre part de définir une zone assez vaste de l’est de la Gaule où elle doit se dresser. Après plusieurs déceptions, il la découvre en 1962 dans une région qu’il ne connaît absolument pas, le Jura, et où il ne pensait guère la trouver. Pourquoi dans le Jura ? Parce que, presque à son insu, tout ce qu’il avait étudié y menait : les textes antiques, le jeu des alliances, l’obligation pour César de faire retraite devant l’insurrection gauloise, l’itinéraire stratégique resté ouvert, les péripéties de sa marche, les précautions prises par Vercingétorix et le relief des lieux.
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Une incohérence historique résolue
(1907 -
Jugurtha est un roi de Numidie; vaste territoire situé, dit-
La seconde est que Constantine serait Cirta, la capitale de Jugurtha. Mais nous savons par l’historien Salluste que lors d’un siège, Cirta fut entourée d’un fossé et d’une palissade. Allez donc faire pareils travaux tout autour du site prodigieux de Constantine, rocher presque inexpugnable en partie entouré par les gorges du Rummel, profondes de cent mètres… site bien connu d’André Berthier puisqu’il y habitait. Deuxième incohérence.
Il étudie alors une ville tunisienne nommée Le Kef qui correspond aux descriptions des campagnes militaires exposées par Salluste : c’est un nœud routier, une place forte et un centre commercial. Ne serait-
Et ce n’est pas tout : voilà que se trouve à proximité du Kef un oued nommé « Mélègue » dont « Muluccha » pourrait être la forme ancienne à plus juste titre que l’improbable Moulouya, d’autant qu’à proximité s’élève une hauteur, la Kalaat Senane qui correspond trait pour trait à la forteresse du roi Numide. Notons que l’historien Salluste qui en donne la description a longuement séjourné en Numidie ; il connaît bien les lieux. Comme il contredit Stéphane Gsell, celui-
Ici tout se trouve réuni par l’étude des textes et l’analyse du terrain : la capitale (Le Kef), l’oued (le Mélègue), la forteresse (la Kalaat Senane) et la nécessaire vraisemblance: finie l’absurde épopée des romains faisant un aller-
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André Berthier exhume l’Alésia des Mandubiens
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