Commenter Plutarque comme Michel Reddé 

  Michel Reddé commente une traduction de Plutarque qui dit ceci :   

  « César franchit le territoire des Lingons dans l’intention de gagner celui des Séquanes, peuple ami qui se situait devant l’Italie face au reste de la Gaule. Alors, attaqué et cerné par plusieurs dizaines de milliers d’ennemis il entreprit de livrer une bataille décisive. »

  Les mots importants sont soulignés. Ils disent sans équivoque aucune que le territoire des Lingons est franchi (et non simplement parcouru) en direction des Séquanes ; ce franchissement en direction des Séquanes qui sont leurs voisins immédiats entraîne automatiquement les Romains chez ces derniers. Ils se trouvent ainsi dans le Jura, devant l’Italie dont effectivement en ce temps-là Genève était la porte.

  Que retient Michel Reddé ?  

  Naturellement, pas un mot sur la proximité de l’Italie, ce serait condamner Alise-Sainte-Reine qui est au diable. Pas un mot non plus sur le verbe « franchir » trop précis sur le résultat de la marche de César. Tout juste admet-il que César aurait-eu l’intention d’aller chez les Séquanes mais ne l’aurait pas fait. Pourquoi, il ne le dit pas. De plus, c’est détourner le sens de l’expression « dans l’intention » comme si annoncer une intention revenait à dire qu’elle ne s’accomplirait pas ; au contraire, elle annonce une action qui se réalise puisque le territoire est franchi.

  On retrouve dans les oublis intéressés et les interprétations fautives du passage de Plutarque le même procédé que pour le « In Sequanos » de César : cette étrange idée d’une traversée d’un territoire (celui des Lingons), suivie d’une sortie dans une autre direction que celle indiquée (les Séquanes). Débarrassé de ces fictions, Plutarque dit clairement que l’armée romaine est surprise ou arrêtée dans le Jura.