Une stratégie autour de quatre villes définit le lieu des batailles finales

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André Berthier

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ALÉSIA-JURA et l’archéologie

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César: retraite et victoires romaines dans le Jura

  L'Alésia antique est-elle en Bourgogne, à Alise-Sainte-Reine, ou dans le Jura, sur le territoire des communes, de Chaux, Crans et Syam où l’archéologue André Berthier a découvert un site parfaitement ressemblant ?  Le débat est au point mort.

  Comment trancher ?  Comment trouver une preuve indiscutable puisque, quoi qu’on en dise, les fouilles d’Alise-Sainte-Reine sont décevantes et celles du Jura abusivement interdites ?

  C’est là qu’intervient la bataille de cavalerie qui eut lieu la veille du début du siège.  L’armée romaine en retraite fut en effet surprise aux environs de l'Alésia antique par des milliers de cavaliers gaulois. C’est une donnée rapportée par les historiens de l'Antiquité et admise par tous les historiens modernes.

  La conséquence directe en est la suivante :

  L'Alésia antique se compose en réalité de deux sites différents mais proches : la forteresse gauloise évidemment mais aussi un lieu propice au déroulement de cette bataille de cavalerie. La localisation précise de cette bataille est un critère absolu. : sa présence ou son absence confirme ou élimine toute localisation proposée pour l'Alésia antique.

   Question de vie ou de mort pour Alise-Sainte-Reine en Bourgogne comme pour l’Alésia d’André Berthier dans le Jura : sans emplacement pour cette bataille de cavalerie, pas d’Alésia antique ni en Bourgogne ni dans le Jura. On s’en est grandement soucié dans les deux camps et les recherches ont été actives.  

  Elles s’appuient sur trois éléments : la situation stratégique durant les semaines précédant le siège ; les textes laissés par les écrivains antiques ; la situation topographique des environs d’Alise-Sainte-Reine et de l’Alésia du Jura.

A la recherche d’une preuve - page 1/5

  C’est alors qu’il réside dans le nord de l’Italie au début de -52 que César apprend la révolte de la Gaule. Il réagit aussitôt et enchaîne une série d’opérations militaires (retour en Gaule, répartition de légions aux points stratégiques, traversée des Cévennes, prise d’Orléans, expédition de son légat Labienus contre Lutèce etc.). L’échec qu’il subit à Gergovie et l’impossibilité de réduire la révolte le décident à la retraite.

  Quatre emplacements apparemment sans liens entre eux dominent la réflexion stratégique sur cette retraite : Langres, Alise-Sainte-Reine, l’Alésia du Jura et Genève. Et pour comprendre toute la stratégie des adversaires celle qui se révèlera paradoxalement la plus importante est justement la plus éloignée de Langres, Genève. Genève est en effet à cette époque la ville romanisée la plus proche de Langres.


  Avant de commencer sa retraite, César regroupe ses forces chez les Lingons, tribu gauloise qui lui reste fidèle et dont la capitale est Langres. C’est une information donnée par l’historien Dion Cassius et dont les raisons sont claires.

  Les Lingons (« Lingones » sur la carte) assuraient un cantonnement abrité et un minimum d’approvisionnement au moment où les autres Gaulois appliquaient la politique de la terre brûlée. Mais César ne pouvait pas rester à la frontière ouest et sud-ouest des Lingons, au contact des Gaulois révoltés et plus particulièrement des Eduens (« Haedui » sur la carte), tribu la plus puissante de Gaule. Il a dû logiquement s’installer dans l’est de leur territoire où se trouvait Langres et sans doute un peu au-delà.

  A ce moment-là, César n’a plus de cavalerie. Celle qu’il employait était fournie par la tribu gauloise des Eduens ; celle-ci s’était retournée contre lui à Gergovie. Il était de première nécessité pour les Romains de reconstituer une cavalerie, force militaire déterminante. César l’obtint en enrôlant des auxiliaires germains de la tribu des Ubiens (région de Cologne). Attendre le résultat des négociations puis l’arrivée de cette cavalerie imposait un séjour d’au moins deux mois au nord-est de la Gaule et proche de Langres.

  D’autant plus que près de Langres, le site de Chalindrey était le point de rencontre de voies protohistoriques. Ces voies facilitaient d’une part le regroupement des légions séparées pour mener à bien les opérations précédentes et d’autre part l’arrivée rapide des cavaliers germains. Ces derniers arrivant par le Nord-est, loin des Gaulois révoltés, ne furent pas remarqués par ces derniers et leur intervention inattendue joua ensuite un rôle primordial.



  César donne deux indications. La première, qu’il veut « secourir la Province ». Il désigne ainsi la Gaule Narbonnaise déjà romanisée à cette époque. Or la partie la plus au nord de cette « Province » est contiguë au territoire des Allobroges dont la capitale est Genève. Depuis le siècle précédent ils sont étroitement soumis aux Romains. C’est le territoire romanisé le plus proche de Langres. Une fois Genève atteinte, César est à l’abri et peut préparer la reconquête.

  La seconde indication est qu’à un moment donné il dit faire route pour le territoire des Séquanes (la question de savoir s’il l’atteint ou non est traitée plus loin) ; ce qui compte ici c’est que les Séquanes occupent le Jura (Sequani sur la carte) et que les Romains ont donc infléchi leur route au sud-est et vers le Jura, dernière étape avant Genève.  



  Après bien des tergiversations, la recherche officielle reconnut que César partit de chez les Lingons par la route de Genève. C’était se mettre enfin en accord avec l’historien Dion Cassius qui l’affirme, tenir compte de la fidélité des Lingons aux Romains, respecter les réalités géographiques et militaires de César et les conclusions d’André Berthier.

  Cette reconnaissance des faits fut l’objet d’une conférence de Michel Reddé en 2003, prononcée dans la cadre solennel du Collège de France.

  Restait à expliquer un détail : comment faire apparaître Alise-Sainte-Reine sur un pareil itinéraire ?  Elle n’est certainement pas sur la route « la plus facile » car elle jette César en plein territoire ennemi par un détour contraire à ses intentions et dont il ne donne aucun motif.

  On commence par lui faire quitter la route directe au sud par la Vingeanne pour le faire aller à Dijon, ce qui le rapproche d’Alise-Sainte-Reine. Mais pour quelle raison s’il va à Genève ?  De nombreux et obligeants partisans d’Alise-Sainte-Reine se chargent d’en inventer pour lui… et pour eux. Il leur faut pour cela oublier aussi ce passage de César : « les Romains quittent la Gaule » puisqu’il piquerait vers son centre pour aller à Alise-Sainte-Reine.

  Entre d’un côté le César en retraite qui part de Langres pour « la Province » et « quitte la Gaule » (vers Genève en traversant le Jura) et de l’autre le touriste César que ses modernes amis invitent aimablement chez les Gaulois révoltés à Alise-Sainte-Reine pour qu’il leur sauve la mise, le choix n’est pas difficile. Malgré toutes les affirmations contraires, Alise-Sainte-Reine est totalement absente des données stratégiques établies.

  En conclusion, César partit de Langres en direction de Genève. Langres est le premier pivot géographique de la campagne de -52 et Genève son seul objectif stratégique.

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Première partie
La situation stratégique au début de -52 et ses conséquences sur l'emplacement de la bataille de cavalerie

  Pourquoi citer ces quatre villes ?  Langres, parce que c’est le lieu de regroupement des Romains avant la retraite ; Genève, parce que César dit vouloir gagner « la Province » (ainsi s'appelait le sud de la Gaule déjà romanisé) et que Genève en est la ville la plus proche de lui. ; l’Alésia du Jura, parce qu’elle bloque justement cette route près de Genève ; Alise-Sainte-Reine enfin parce que ses partisans en font l'Alésia antique bien qu’elle ne soit sur aucune route vers « la Province » et certainement pas sur celle de Genève.

Le latin et l’Alésia antique